La lumière au bout du tunnel à Lyon

Le nouveau Plan Lumière invite à une approche plus précise et détaillée de la Ville en apportant des réponses adaptées à la diversité des quartiers, en tenant compte de leurs temporalités d’usage.
À travers ces opérations, la Ville de Lyon a des ambitions fortes de poursuivre l’ouverture du champ de la création en s’appuyant notamment sur les nouvelles techniques qui ne cessent d’avancer. L’idée est d’exploiter toutes les possibilités qu’offre la lumière afin qu’elle soit partie intégrante de l’aménagement urbain. Également, la Ville de Lyon, inscrite dans une démarche de développement durable, reste notamment attentive à la consommation énergétique et à la pollution lumineuse.

L’utilisation de la couleur dans les villes, notamment celles fortement marquées par le passé, aussi bien en termes de bâtiments historiques ou de grande valeur artistique, est toujours délicate. Néanmoins, elle peut s'avérer très utile lors d’interventions dans des zones en général très fréquentées, mais peu mises en valeur. Les tunnels, les passages piétonniers souterrains auxquels nous sommes tous habitués, sont parfois décorés de graffitis, pas toujours artistiques, quelquefois même à la limite du vandalisme et ils sont habituellement éclairés de manière uniquement fonctionnelle. Dans la représentation collective, les tunnels sont souvent associés à des endroits sombres, glauques, et leur traversée est généralement appréhendée par les piétons. À Lyon, la ville a souhaité en offrir une nouvelle lecture et a choisi de mettre en lumière plusieurs de ces tunnels. Cette volonté a donné lieu à plusieurs mises en lumière, véritables exercices de style pour les concepteurs lumière retenus. Les faisceaux, les optiques, la couleur ont permis de valoriser ces lieux de façon coordonnée.

À Lyon, la couleur a permis de valoriser ces lieux de façon coordonnée. Dans plusieurs interventions, les appareils iGuzzini ont apporté de sérieuses solutions. Avec l’assistance d’EDF, producteur et distributeur d’énergie, la ville de Lyon et le Sytral ont commandé à plusieurs agences de conception lumière un travail de réévaluation de quatre passages ferroviaires souterrains en ville.
Aurélien de Fursac, de l’agence Latérale, a travaillé pour la Rue des Émeraudes, Jérome Donna, de la ville de Lyon, a œuvré sur le passage Delandine, et l’agence ON a travaillé sur l’Avenue Félix Faure. Les trois interventions relèvent du nouveau plan d’éclairage pour le quartier de la Part-Dieu. Dans ces trois interventions, les études de conception ont fait appel à des produits iGuzzini.

Le passage souterrain de la Rue des Émeraudes est constitué d’une succession de droites parallèles. Pour le concepteur lumière Aurélien de Fursac, elles suivent les rails dans une succession de cadres définis par les poutres métalliques, par les murs et par la chaussée. Le projet révèle, à travers la lumière, ces lignes de force en proposant de faire de ce lieu un tableau de lumière. Les usagers peuvent découvrir la structure de l’ouvrage et ainsi en redéfinir la perception architecturale. Le rythme et la fréquence des lignes sont dictés par l’ouvrage-même. Le concepteur lumière a travaillé sur une tonalité de couleur en optant pour celle de l’émeraude en différents tons, du plus clair au plus foncé. Pour obtenir cet effet, il a superposé à l’éclairage coloré, indirect, bleu clair des projecteurs Platea, les lignes de lumière blanche de l’appareil Trick. L’usager a ainsi l’impression de traverser une perspective formée de 21 tableaux lumineux.

Pour le passage souterrain de l’Avenue Félix Faure, le concept développé par l’agence ON (Vincent Thiesson), est en revanche basé sur l’utilisation de la couleur pour apporter de la théâtralité à la traversée et transporter le passant dans un univers différent, pour lui donner la possibilité de se couper de la matérialité du lieu : la lumière offre à la nuit sa trame et ses couleurs. Les projections de lumière colorée sur les murs qui rappellent la technique du dripping, chère à Pollock sur ses toiles, sont obtenues grâce à des projecteurs Woody et à l’utilisation d’une lentille spéciale.

Enfin, le tunnel Delandine a lui été sublimé par le concepteur lumière de la ville de Lyon Jérome Donna. L’enjeu était d’exploiter le potentiel du lieu, voûte sous les rails SNCF de la Gare Lyon Perrache, et d’en faire une création graphique unique. Ainsi, la mise en lumière s’intègre harmonieusement dans son environnement mais également elle s’en inspire et l’embellit. La mise en lumière s’inspire du nœud d’aiguillage ferroviaire supporté par l’ouvrage : des rails parallèles dessinant des lignes distinctes à l’aide de Trick en vision aérienne qui vont se croiser et former un graphisme d’entrelacement linéaire particulier.
De nuit, il y a une volonté de retranscrire une ambiance contrastée pour créer une dynamique visuelle singulière et proposer aux usagers de contempler une œuvre picturale lorsqu’ils traversent le tunnel. Des lignes blanches sur fond noir, générées depuis la clé de voûte et espacées de 1435 mm, comme l’entraxe des rails, viennent habiller les parois de l’ouvrage. Depuis une vision piétonne, ces lignes successives qui se croisent, révèlent l’ensemble du volume architectural et l’ouvrage sans pour autant recourir à un traitement uniforme traditionnel.